Mai 2015 - Le parfum de l'encensoir

Le Parfum de l’encensoir
Maquette de costume, 1933
Mine de plomb, gouache sur calque, 44 x 34,9 cm
Bordeaux, Musée d’Aquitaine (inv. 95.50.53)

 

 

Dans Le Parfum de l’encensoir le mannequin travesti en religieuse, porte béguin, cornette et voile de fantaisie. La jeune femme a revêtu une tunique habillée d’un voile formant une immense jupe transparente rejoignant les poignets, teinte dans un dégradé évoquant les couleurs de l’encens. Elle porte élégamment deux pans de voile gris foncé, enfilés à ses bras comme des manches, sur lesquels sont peints des motifs de vitraux

 

Cet objet des collections du musée d’Aquitaine a été présenté lors de l’exposition « Bordeaux années 20- 30, portrait d’une ville » du 24 octobre 2008– 15 mars 2009.

L’exposition conçue et réalisée par le Musée d’Aquitaine en partenariat avec les Archives municipales propose une promenade dans le Bordeaux de l’entre-deux-guerres. Quatre thèmes principaux illustrent cette évocation : la vie politique, l’architecture et l’urbanisme, la vie économique, la vie culturelle et les loisirs.

Dessins, peintures, estampes, photographies anciennes, affiches, films d’archives, illustrations sonores, objets d’arts, objets spectaculaires (épicerie, voiture Motobloc, pou du ciel : avion monoplace !) immergent le visiteur dans le quotidien de cette période.

Dans cette multitude,  plusieurs maquettes de costumes extraites des réserves du musée d’Aquitaine dont Le parfum de l’encensoir mettent l’accent sur le succès des théâtres à cette époque.

Dans les années 1920-1930, perdure dans les  théâtres à Bordeaux,  comme dans ceux de beaucoup d’autres grandes villes, une forme de spectacle alors très en vogue : le music-hall.

"Projet de casino d'été à ériger sur les Quinconces" par l'architecte Eugène Gervais, 5 janvier 1894, archives municipales de Bordeaux (XXI-Q/68).

Le Casino de Quinconces, entre autres, excelle dans ce genre de divertissement. Situé sur les Allées d’Orléans au niveau de la rue Condé, il est édifié en 1920 d’après les plans de l’architecte Cyprien Alfred-Duprat. Son architecture au décor soigné (la scène occupait 200 mètres carrés) était faite de matériaux modestes (bois peint) pouvant être démontables car il ne fonctionnait que durant la belle saison.

Pendant vingt ans (il sera définitivement démoli en 1936), ses promoteurs n’auront qu’une ambition : créer dans ce théâtre de grandes revues féeriques à l’image des luxueuses revues parisiennes produites aux Folies-Bergère ou au Casino de Paris. Pour cela, bien sûr, ils font  venir des vedettes sacrées par la mode (la danseuse américaine Loïe Fuller, ou encore les chanteurs Mayol et Paulus …). Mais aussi, pour la réalisation des costumes des tableaux de chaque revue, ils s’adressent à des costumiers de grand renom tels que Max Weldy, fournisseur attitré des Folies-Bergère à Paris. Á grands coups de tissus soyeux, paillettes, plumes, strass, est créée une variété infinie de costumes. Aujourd’hui, ces vêtements de scène ont disparu. Le musée d’Aquitaine conserve néanmoins quelques maquettes de ces costumes (dessins colorés à la gouache) d’après lesquelles ils ont été réalisés. Les artistes qui dessinaient les maquettes pour Max Weldy étaient follement imaginatifs.

La maquette  intitulée Le Parfum de l’encensoir  fut commandée à Max Weldy à l’occasion de « Bonjour Bordeaux », revue jouée au Casino des Quinconces en 1933. Les costumes avaient été réalisés pour le final du 1er acte Parfumez-vous Mesdames d’après des maquettes dessinées par Freddy Wittop et Dany. Celui-ci regroupait plusieurs mannequins évoluant sur la scène sur le thème du parfum. Max Weldy, avant la répétition générale et la première de la revue du Casino, envoyait ses couturières à Bordeaux pour une dernière mise au point.

Parfois, néanmoins, le metteur en scène s’adressait à Weldy en lui demandant s’il possédait déjà tel costume susceptible de convenir pour tel rôle.

Une firme de costumes  comme celle de Max Weldy comprenait à Paris plusieurs étages d’ateliers où deux à trois cents couturières fabriquaient les costumes pour les revues de music-hall, mais aussi pour les ballets et opérettes du monde entier. Une fois le spectacle terminé, les costumes revenaient à Max Weldy souvent mal en point ;  les couturières devaient alors les restaurer. Puis, ils voyageaient à nouveau dans divers lieux de spectacles pour revenir ensuite ; jusqu’au moment où, le costume écartelé, se brisait en morceaux…

Texte Geneviève Dupuis-Sabron, commissaire de l’exposition, conservateur au musée d’Aquitaine. 

D’autres costumes de parfums

« Parfumez-vous mesdames » est le final du premier acte de la revue Bonjour Bordeaux en 1933. Une très belle série de maquette commandée à Max Weldy. Outre les différents parfums interprétés par des mannequins, il y avait aussi « Le Fabriquant de parfum », « Les Chimistes » et l’« Extrait de fleur ».

       
Parfum de l'amour, parfum du bonheur, parfum de Lesbos,

   
Parfum du passé, parfum d'orient

Photo : ©L.Bouquil et L.Gauthier, mairie de Bordeaux. 

Le parfum de l'encensoir,  ©Lysiane Gauthier, mairie de Bordeaux

Le parfum de l'encensoir, ©Lysiane Gauthier, mairie de Bordeaux