Chants et contre-champs

Rencontre
06/11/2019, 19:00

MECA, 54 quai de Paludate, auditorium "République géniale" (R+6)
Traduction simultanée du francais vers l'anglais
Entrée libre (dans la limite des places disponibles)

Projection et conversation entre l’artiste Sammy Baloji et la chercheuse Lotte Arndt

Dans son travail l’artiste Sammy Baloji s’est intéressé de longue date aux collections coloniales en Europe et aux Etats-Unis en mettant l’accent sur les mouvements de corps et d’idées qui s’opèrent entre le Congo et l’Europe. Les images et les objets sont alors sollicités comme des vecteurs relationnelles, permettant de révéler ou encore de modifier la permanence de structures et d’imaginaires (post)coloniales. Plutôt que de se concentrer sur des objets isolés, il est ici question des allers-retours, des échanges inégaux, des flux matériels autant que des opérations idéologiques qui les accompagnent. La conversation entre Sammy Baloji et la théoricienne culturelle Lotte Arndt se penchera sur l’enchevêtrement mouvementé entre l’exploitation matérielle continue, la revalorisation culturelle de symboles et de pratiques et la contestation de l’hégémonie culturelle eurocentrée et l’extractivisme par l’introduction répétée de contre-champs, qui inversent le point de vue et permettent l’émergence de récits à multiples voix.

Projection:

Tales of the Copper Cross Garden, Episode 1, 2017

Vidéo HD, couleur et son - 42 min

Le film Tales of the Copper Cross Garden juxtapose la transformation industrielle de métaux et notamment du cuivre dans une usine katangaise avec les chants d’une chorale coloniale, « le chœur de la croix au cuivre ». En s’appuyant sur les réflexions du philosophe V.Y. Mudimbe sur le rôle de l’Eglise catholique dans la colonisation, le film interroge la connexion entre domination spirituelle (religieuse) et exploitation des richesses.

Projection suivie d’une conversation entre Sammy Baloji et Lotte Arndt

L’événement s’inscrit dans le cadre de „Tout passe sauf le passé“, un projet de Goethe-Institut Bruxelles en coopération avec le Goethe-Institut Bordeaux, et les Goethe-Instituts en Italie, en Espagne et au Portugal sur le thème des héritages coloniaux. Le focus est mis surtout sur les approches artistiques et discursives autour des résidus de l'époque coloniale qui sont toujours visibles aux musées, dans les archives photographiques et dans l‘espace public. Les principales questions abordées sont celles-ci : que faire des artefacts encore en possession des collections ethnographiques ? La restitution est-elle la nécessité éthique du jour ? Comment les objets pourraient-ils circuler d'un pays à l'autre ? Comment les artistes peuvent-ils contribuer à leur donner vie ? Des formes expériementales de débats, des projections et des lectures-performances évoqueront les approches artistiques et discursives autour des résidus de l'époque coloniale.

Né en 1978 à Lubumbashi, Sammy Baloji est un artiste plasticien et photographe, ainsi que le co-fondateur des Rencontres Picha, une biennale de photographie et vidéo à Lubumbashi.  Depuis 2005, il explore la mémoire et l’histoire de la République Démocratique du Congo. Son oeuvre est une recherche perpétuelle autour de l’héritage culturel, architectural et industriel de la région du Katanga, ainsi qu’un questionnement des effets de la colonisation belge.

Théoricienne culturelle, Lotte Arndt (Paris) accompagne le travail d’artistes qui questionnent le présent postcolonial et les antinomies de la modernité dans une perspective transnationale. Le travail des artistes dans les collections coloniales est au cœur de ses préoccupations.